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L’approche globale et les problèmes de l’occlusion
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Il y a déjà longtemps que je me suis penché sur les problèmes qui concernent le fonctionnement des mâchoires. La discipline qui se préoccupe de ce genre de pathologies s’appelle l’Occlusodontie.
Dès la rédaction de ma première thèse je soulignais les dégâts engendrés par l’aspect hétéroclite des reconstructions (couronnes plombages et autres bridges) qui garnissaient la bouche de mes patients et qui reflétaient parfaitement les différents passages du patient sur divers fauteuils de dentistes.
Il est important de savoir que les mâchoires garnies de leurs dents constituent un système appelé système manducateur et que ce système est d’une précision extrême. En effet chacun de nous est capable de sentir une surépaisseur de 16 millièmes de millimètres qui serait interposée entre ses dents du haut et ses dents du bas soit l’équivalent de l’épaisseur d’un cheveu !! C’est ce que l’on appelle « le seuil de perceptibilité.» |
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La perte de hauteur postérieure qui aggrave la fermeture jusqu’à couverture totale des incisives inférieures, a engendré une mobilité importante des 4 incisives supérieures qui ont du être extraites.
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Après extraction des 4 incisives et reconstruction par bridge
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Les dentistes travaillent-ils avec une telle précision ? Certainement pas ; mais la nature est bonne fille et elle accepte de s’adapter, dans une certaine mesure, à nos approximations pour peu qu’elles ne soient pas excessives et qu’elles rentrent dans le « seuil d’adaptabilité » de chacun de nous.
Ce seuil d’adaptabilité est variable selon les individus surtout en fonction des diverses adaptations qui on déjà été demandées au système. Aussi il se peut que lors de la pose d’une reconstruction supplémentaire, le système bascule dans la pathologie car le seuil d’adaptabilité aura été dépassé.
On entre ici dans un système qui fonctionne mal et dont les symptômes peuvent être multiples. En effet le système manducateur n’est pas isolé et il fait partie d’un système plus vaste appelé système orthopostural. Nous ne sommes pas découpés en tranches de saucisson au gré des spécialités médicales et notre corps fonctionne en tant que système complet avec des interactions entre tous les organes. Par exemple une modification des appuis des pieds sur le sol en augmentant de façon excessive la hauteur d’un talon sur une seule jambe, va engendrer une modification de la posture de la tête pour garder la ligne d’horizon horizontale.
Ce système orthopostural est associé à la vue, à la colonne vertébrale, et la manière dont les pieds reposent sur le sol. Les signes les plus fréquents de la dysfonction manducatrice sont des maux de tête appelés céphalées, des douleurs articulaires avec ou sans claquement situées près des oreilles et qui font parfois penser à des otites, ou encore des vertiges.
Le diagnostic de ces problèmes doit être posé par un praticien rompu à ces pathologies et un plan de traitement sera ensuite proposé qui passera par un examen complet du système et une remise en position correcte de la mâchoire inférieure par rapport à la mâchoire supérieure.
Ces problèmes sont parfois le fait de plusieurs facteurs associés entre les mâchoires, la colonne vertébrale et la posture générale de l’individu. Si tel est le cas on devra passer par une étape intermédiaire pour évaluer quelle est la part du système manducateur dans la symptomatologie et le sujet devra porter une gouttière occlusale pendant quelques temps pour prouver qu’en repositionnant correctement les mâchoires les symptômes disparaissent.
Cela s’appelle un diagnostic différentiel et permet donc de confirmer qu’il y a lieu d’intervenir sur les dents du patient pour corriger cette dysfonction. L’occlusothérapie doit être menée avec soin et circonspection pour parvenir à une harmonie complète des rapports entre les dents du haut et les dents du bas tant dans un rapport statique (bouche fermée et dents serrées totalement confortables) que dans un rapport dynamique (mastication facile sans difficultés d’ouverture importante de la bouche et sans claquement articulaire des os de la mâchoire).
Il est heureux de constater que dans ce cas cela est toujours associé à une apparence harmonieuse des dents antérieures qui offrent alors un sourire éclatant avec des dents parfaitement alignées.
Pour mieux comprendre le fonctionnement du système nous devons envisager que les dents antérieures qui participent au sourire, se rencontrent comme les deux branches d’une paire de ciseaux et sont donc destinées à trancher la nourriture.
Les dents postérieures elles font office de pilon et de mortier et elles écrasent et dilacèrent la nourriture. De plus quand elles sont simplement serrées entre elles, elles assurent la limitation de la fermeture préservant ainsi les dents antérieures de toutes contraintes excessives.
Lorsque les dents postérieures s’usent ou sont absentes et que la limitation d’ouverture entraine une contrainte excessive sur les dents antérieures, celles-ci vont alors se mobiliser et basculer vers l’avant en s’écartant les unes des autres et en perdant ainsi leur support osseux ; ce qui peut aller jusqu’à la pertes définitive des dents antérieures.
Comment gérer un problème occlusal sur les dent antérieures? (voir photos plus haut)
Comme exposé plus haut chaque cas est un cas particulier et des personnes qui présentent de grands désordres occlusaux, peuvent très bien ne pas présenter de symptomatologie de quelque nature que ce soit. En revanche il se peut que des dents en bon état génèrent au moindre désordre des troubles importants parce que le seuil d’adaptabilité global est outrepassé.
Un diagnostic occlusal doit être réalisé de manière précise tout d’abord par un examen clinique de toute la musculature masticatoire et de la manière dont l’ouverture buccale est réalisée ; à savoir : une ouverture suffisamment ample et rectiligne sans que la mâchoire inférieure se déporte vers la droite ou vers la gauche.
Lorsque cet examen met en évidence la présence de pathologies que ce soit musculaire ou articulaire, nous réaliserons alors une « analyse occlusale » sur un simulateur de mouvements encore appelé articulateur.
Cette analyse est indispensable pour faire une diagnostic précis des problèmes existants au niveau des dents. Elle va permettre de constater les défauts de positionnement de la mâchoire du bas (mobile) par rapport à celle du haut (fixe) car reliée au crane.
Il est impossible de faire un diagnostic précis sans cette analyse qui va permettre de constater les défauts existants et aussi d’appliquer une correction sur les modèles en plâtre sur le simulateur pour justement simuler par avance les corrections qui seront plus tard réalisées dans le bouche du patient c’est : l’équilibration occlusale. |
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Le simulateur avec les modèles d’un patient montés dans la même relation que celle des mâchoires en bouche.
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Le simulateur montre l’absence totale de contacts des dents du haut avec les dents du bas chez ce patient. Il faudra corriger ce défaut en rehaussant les dents du bas qui ne contactent pas. Cette analyse n’est pas réalisable directement en bouche c’est la raison pour laquelle nous devons faire ce diagnostic sur simulateur.
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La position de la mâchoire inférieure et ses conséquences
Dans une position normale les dents de la mâchoire inférieure mobile (mandibule) viennent s’engrener dans les dents de la mâchoire supérieure fixe (maxillaire) et sont ainsi calées dans une position fixe quand les dents sont serrées.
Lorsque les dents se sont usées, la position de la mâchoire inférieure peut être alors très perturbée et provoquer des troubles importants avec des symptômes variés tels que maux de tête, mal de dos, douleurs cervicales, vertiges, bourdonnement d’oreilles, claquement des articulations, limitation de l’ouverture buccale, déviation de la mâchoire lors de l’ouverture allant jusqu’à provoquer une part d’invalidité de la personne si plusieurs de ces symptômes sont associés. |
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Des dents très usées qui provoquent un décalage important de la mâchoire inférieure.
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Décalage important de la mâchoire inférieure comme on a pu l’analyser sur le simulateur photo de droite avec les milieux rétablis dans leur normalité.
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On voit sur cette photo la position normale de la mâchoire inférieure dont les dents sont recouvertes et calées par les dents supérieures. C’est une occlusion normale.
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La consultation occlusale
C’est une consultation qui devra se faire en trois temps :
1- L’examen clinique : Observation de la mobilité mandibulaire Palpation des muscles masticateurs et du cou Vérification de la fermeture des mâchoires Vérification de l’équilibre postural
2- l’analyse occlusale C’est comme exposé plus haut une mise en simulateur des modèles figurant les machoires du patient pour analyser la position des mâchoires entre elles et faire le diagnostic des corrections à apporter (voir figures).
3- le traitement symptomatique Lorsque l’analyse l’indique il est prescrit une gouttière qui va devoir montrer que les symptômes disparaissent lorsque l’on repositionne correctement la mâchoire inférieure. C’est ce que l’on appelle le diagnostic différentiel.
Le traitement occlusal
Toute cette partie d’investigations doit impérativement précéder un traitement de modification irréversible des dents soit par meulage soit par recouvrement pour repositionner définitivement la mâchoire inférieure. |
Sur ces 2 photos on voit l’effet du bruxisme et ses conséquences puisqu’il a fallu reconditionner complètement les deux mâchoires et redonner à toutes les dents un volume suffisant et une hauteur normale.
Le traitement occlusal peut revêtir différentes formes car on peut rééquilibrer la position de la mâchoire inférieure soit en meulant certaines dents qui interfèrent dans la fermeture soit en recouvrant certaines dents pour retrouver un contact perdu. C’est le diagnostic occlusal qui détermine le traitement à appliquer. |
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